Toni Morrison, première auteure Noire prix Nobel de la Littérature, est décédée

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Chacun tient de Dieu un don particulier, l’un d’une manière, l’autre d’une autre [1 Corinthien 7 v.7 - La Bible]. Pour Toni Morrison, c’était l’écriture. Pendant près de six décennies, cette brillante romancière a régalé les lecteurs de sa plume affirmée s’adressant aux consciences morales et à l’imagination. A travers ses 11 romans, ses essais, ses livres pour enfants, ses deux pièces de théâtre dont l’une sur Martin Luther King et son livret d’opéra, Toni Morisson a sillonné et porté à l’attention du monde l’histoire des noirs dans la littérature américaine, de l’esclavage jusqu’à leur émancipation dans la société américaine actuelle.

Une plume activiste pour la cause des noirs américains

Femme de caractère, à l’allure et au regard imposants, Toni Morrison s’est distinguée parmi ses pairs. Elle, qui reçoit en 1988 le prix Pulitzer pour son célèbre roman Beloved, un récit qu’elle dédia aux « soixante millions de victimes de l’esclavage » et qui s’éleva au rang de triomphe mondial, avant de devenir le premier écrivain noir et la huitième femme à se voir décerner le prix Nobel de littérature, en 1993 par l’académie royale de Suède, avec la publication de son sixième ouvrage Jazz.
Vous l’aurez compris, Toni Morrison a dédié sa plume et ses ouvrages à l’histoire des Noirs. Considérée comme une idole dans le milieu afro, elle ira même jusqu’à dire que « Je n’ai jamais trouvé une histoire impliquant un Blanc qui soit intéressant pour moi ».

Et pour cause, fière descendante d’une famille d’esclaves, petite-fille de fermiers de l’Alabama, Chloe Anthony Wofford, de son vrai nom, née le 18 février 1931 dans l’Ohio, d’une famille catholique fervente, s’est depuis toute jeune passionnée pour l’écriture, y voyant surement un moyen propice pour partager ses convictions et ses messages. Excellant sur les bancs des universités d’Howard puis de Cornell, elle enseignera au Texas puis à l’Université d’Howard, alors réservée aux Noirs.
Si son emploi du temps bien rempli a malheureusement eu raison de son mariage avec l’architecte jamaïcain Harold Morrison avec qui elle eut deux fils, Harold et Slade, cela ne l’a clairement pas empêché d’accéder à la célébrité.

Auteure des autobiographies de Mohammed Ali et d’Angela Davis, de plusieurs anthologies comme The Black Book (1973), l’échec cuisant de son premier roman paru en 1970, L’œil le plus beau, lui permit de rebondir avec brio et pousser les portes du succès avec ses deux ouvrages suivants, Sula, sélectionné pour le National Book Award, et Le Chant de Salomon, sacré par le National Book Critic Circle Award.
Bien sûr, Toni Morrison n’a guère été acclamée de tous au cours de sa carrière, nul n’est prophète en son pays, dit-on, mais en bonne rebelle, aucune critique n’a su l’atteindre ni la détourner de ses convictions. Si bien que sa plume s’est aussi penchée vers la sphère politique. Et ses positions étaient claires. Autant a-t-elle défendu l'ex-président Bill Clinton le considérant comme « le premier président noir des Etats-Unis », présentant « tous les traits distinctifs de la ‘noirceur’ : pauvre, milieu ouvrier, famille monoparentale brisée, sudiste, amoureux du saxophone et du McDonald », comme rapporte Le Figaro, autant a-t-elle manifesté plus de sévérité à l’égard de George Bush fils ou encore Donald Trump.

L’ancien président des Etats-Unis, Barack Obama, dont elle était une fidèle partisante, non pour sa couleur de peau mais bien car il possède « une imagination créatrice qui, associée au brio, égale la sagesse », n’a pas tardé à lui rendre un bel hommage, se souvenant du temps où il l’accueillit alors qu’il occupait encore la Maison Blanche. « Toni Morrison était un trésor national, aussi bonne conteuse, aussi captivante en tant que personne qu’elle l’était dans son œuvre. Son écriture représentait un défi magnifique et plein de sens pour notre conscience morale et notre imaginaire. Quel cadeau d’avoir pu respirer le même air qu’elle, ne serait-ce qu’un moment », a-t-il écrit.
Souvenons-nous, le 3 novembre 2010, lorsque la romancière reçut des mains de Frédéric Mitterrand, ministre Français de la Culture, l’insigne d’officier dans l’ordre de la Légion d’honneur. Un titre honorifique qui vint sceller la notoriété implacable de cette voix considérée comme la plus puissante de la littérature contemporaine et qui ne s’est jamais détachée de son franc-parler tant sur les questions raciales que sur les préjugés et non-dits au travers de ses personnages toujours plus proches de la réalité vécue et subie dans la société actuelle.

Ce lundi 5 août 2019 au Montefiore Medical Center de New York, à l’âge de 88 ans, Toni Morrison a paisiblement tiré sa révérence, entourée de sa famille et de ses amis, en léguant au monde un héritage d’une grande valeur, comme de nombreux auteurs avant elle. Qui à travers les époques, nous ont apporté par leurs différents ouvrages de riches connaissances. Toni Morrison fut donc comptée parmi ces plumes tout à fait singulières, aux messages poignants et qui méritent d’être lus. Ce qui nous rappelle ce bon conseil de l’auteur évangélique Yohan Adiy’el : Habituons-nous à lire chers amis, lisons, apprenons, comprenons, le bien que cela procure d’avoir la connaissance. En grande partie, Dieu nous a informés par écrit. Pensons-y ! En effet, par ses apôtres, ou quelque autre auteur ou scribe, le Seigneur se sert de qui il veut par le don de l’écriture pour transmettre ses mystères.
Aujourd’hui, que Dieu puisse consoler la famille et les proches de l’artiste dont les oeuvres et les exploits ne seront jamais oubliés.

La Rédaction

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