Menacé d’expulsion, son employeur et ses collègues se battent pour qu’il reste en France

news-details
Société

A 20 ans, Mory Mara, d’origine guinéenne, fait partie des malheureux immigrés de France, menacés d’expulsion. Et pourtant, installé en France depuis 4 ans, Mory Mara s’y est formé, a trouvé un emploi et un logement. Le jeune homme, très bien intégré, semble s’épanouir dans son travail, et récolte même les éloges de son employeur et ses collègues.
« On s’est rencontrés en 2018. Il est venu lors d’un stage parce qu’il voulait absolument devenir boulanger. Et puis on l’a pris en stage », a témoigné au micro de Brut, Frédéric Peuillon, gérant de la boulangerie Lou Pan, à Bourg en Bresse. Qui a embauché le jeune Mory après 2 années d’apprentissage.

Mais une malheureuse situation vint entacher ce beau tableau. Depuis 2021, Mory Mara est sommé de quitter le territoire Français. Depuis son employeur et ses collègues se mobilisent d’arrache-pied pour l’aider à obtenir un titre de séjour permanent.
« Je suis venu en France à l'âge de 16 ans. Et j'ai commencé à sortir de mon pays parce que j'avais des problèmes de famille. Et je suis venu au Mali. Du Mali, je suis parti en Algérie. Et de l'Algérie, je suis parti en Libye. En Libye, ils traitaient les gens comme des esclaves. C'était pas facile pour nous », a-t-il témoigné.
« […]Je suis vraiment fier de moi parce que quand j’ai commencé en apprentissage, je ne travaillais pas tout seul alors qu’aujourd’hui, je travaille tout seul parce que je connais bien mon boulot. Tout ce que je fais, comme le pain qui est là, je ne le fais pas pour moi, je le fais pour les clients. Et les clients qui viennent sont super contents. »

La préfecture a demandé de mettre un terme à son contrat de travail. C’était sans compter sur le soutien imparable de son employeur et ses collègues. Lorsqu’en 2021 il a reçu sa première Obligation de Quitter le Territoire Français, ses collègues et son patron ont entrepris de lui trouver un avocat. Ils ont saisi le tribunal administratif de Lyon. Mais le verdict a été négatif. Ils ont continué à se battre, ont fait appel de la décision en joignant directement la préfecture et ont mobilisé des soutiens extérieurs. Mais rien ne semblait fonctionner.
« Si demain il ne travaille plus là, déjà, moi, je pense à lui, qu'est-ce qu'il va devenir? Qu'est-ce qui va se passer? Parce que c'est déjà un jeune qui a tellement vécu de choses horribles, qui est passé par des choses qu'aucun être humain ne devrait vivre », déplore son employeur. En plus de cela, son absence au sein de la boulangerie pourrait avoir un réel impact notamment économique. Le gérant « va devoir réduire un peu la voilure au niveau de nos fabrications, de notre développement ». Sans compter les sérieux problèmes auxquels les artisans font face soit l’approvisionnement des matières premières, les problèmes énergétiques et la difficulté pour embaucher.

L’histoire du jeune Mory Mara met en lumière les défaillances présentes dans notre système social. Et plusieurs jeunes immigrés ont par ailleurs déjà rencontré ces mêmes difficultés. Pour la plupart, ils quittent leur pays d’origine en pleine crise pour espérer se réfugier et se (re)construire dans un autre pays qui saurait les accueillir. Et il font ensuite face à cette réalité cruelle, notamment en France, où ils sont rejetés voir menacés d’être expulsés.
Révoltée et consternée par la situation de Mory Mara, Patricia Hyvernat, présidente de Patronnes Solidaires précisait que « les faire partir dans leur pays ne va pas régler du tout le problème, parce que, effectivement, ils vont devoir partir mais bien d’autres vont arriver parce qu’il y a des tremblements de terre, parce qu’il y a de plus en plus de misère dans les pays lointains et que ces jeunes vont venir, vont revenir ou d’autres vont arriver. Et qu’il va falloir les accompagner. On ne peut plus du tout les ignorer, il va falloir les accompagner. »

Il faudrait bien plus qu’un accompagnement pour rendre possible une intégration plus stable pour ces jeunes immigrés actifs ; et la participation de l’église de Christ sur ces sujets complexes serait très importante. Elle qui prie et travaille pour être un modèle pour notre société. Elle a pourtant bien un message de paix et de compassion à transmettre au monde de la part de Dieu : que chacun « partage son pain avec celui qui a faim, Et fais entrer dans sa maison les malheureux sans asile; Si tu vois un homme nu, couvre-le, Et ne te détourne pas de ton semblable. » [Esaïe 58 v.7]
Un message qui pourrait toucher les consciences et changer les mentalités.

Après avoir été contactée par Brut, la préfecture de l'Ain indiqua que « M. Mara étant salarié dans la même entreprise en contrat d'apprentissage puis en CDI et justifiant ainsi d'une expérience professionnelle et de perspectives d’intégration, peut demander un réexamen de sa situation administrative en postulant à l’admission exceptionnelle au séjour en qualité de salarié, démarche qu’il doit cependant réaliser lui-même ainsi qu’indiqué en août 2021, le recours à des tiers ou mandataires étant proscrit pour les demandes de titre de séjour. »
Devant cette issue favorable, nous prions pour que la situation du jeune Mory Mara s’améliore et s’arrange, et que le Seigneur lui fasse grâce, à lui ainsi qu’à d’autres jeunes immigrés qui ne demandent qu’une situation stable et l’opportunité de s’épanouir dans ce pays.

La Rédaction

Partagés récemment

Ajouter un commentaire