Las Patronas, ces 12 apôtres Mexicaines qui redonnent espoir aux migrants

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Noyau de vie

Apôtres ou bonnes samaritaines, c’est l’histoire de 12 femmes, qui bravant le danger de l’Etat du Veracruz, l’un des plus dangereux du Mexique, ont bâti un collectif d’amour et d’entraide. Au village de Las Patronas, Norma Romero, 48 ans et ses acolytes mènent ensemble depuis 23 ans leur mission, parfois soutenues par quelques volontaires. Chaque nuit, elles se rendent près du chemin de fer où passe le train de marchandises baptisé la « Bestia » ou encore le train de la mort, pour distribuer de la nourriture aux migrants qui se rendent aux Etats-Unis.

Cela fait des décennies que la Bestia traverse de nuit le village. Un trajet mexicain bien loin d’être de tout repos pour les centaines de migrants à bord. « Quand nous sommes sur le train, parfois des gens nous lancent des pierres », témoigne Santos, un Hondurien de 45 ans. Si certains sont mutilés par les roues du train en cherchant à embarquer, d’autres épuisés tombent de fatigue sur les rails. Mais les migrants sont très régulièrement les cibles et victimes de racket et de meurtre de la part de criminels et même des policiers. La peur est donc à son comble pour ces pauvres voyageurs. « Les criminels nous attaquent parfois dans les tunnels », témoigna à l’AFP David, un migrant de 23 ans, comme le rapporte le quotidien CNews.

C’est dans ce contexte que les 12 apôtres apportent un brin d’espoir pour ces voyageurs. A l’époque, Norma, 25 ans, pensait qu’il ne s’agissait que de Mexicains qui se déplaçaient à moindre coût, mais lorsqu’un jour le train s’arrêta quelques instants, les hommes à bord qui avaient un accent d’Amérique centrale, lui ont demandé son pain et son lait. « Ils avaient faim », témoigne-t-elle. De retour chez elle, Norma raconta cette histoire à sa mère qui entreprit aussitôt de préparer à manger pour ces hommes. Et la mission commença.

Depuis ce jour, le soir venu, les apôtres attendent le passage du train et tendent aux voyageurs clandestins des provisions récoltées et préparées dans la journée. Si tous ne reçoivent pas de sac de nourriture, Norma se rassure tout de même qu’« en nous voyant, ils partent malgré tout avec une espérance ». Des bouteilles d’eau et des sacs contenant du riz, des haricots, du pain, du thon et parfois du gâteau. Pour y parvenir, les apôtres peuvent compter sur le soutien d’un hypermarché de Cordoba qui leur fournit du pain et plusieurs autres commerçants, du riz et des haricots. Par jour, elles peuvent parfois préparer jusqu’à 40kg de riz.

Alors que le train est en marche, certains migrants se penchent pour saisir les sacs, tandis que d’autres descendent puis rattrapent le train en courant. Et tous sont reconnaissants à base de « gracias Madre ! » (Merci mère) ou encore « Mexico ! ».
Dans les sacs, les apôtres prennent soin d’y insérer aussi une brochure sur les droits des migrants et une carte indiquant tous les refuges du pays.

Chez les apôtres, les émotions se confondent ; « On se sent à la fois contente de les voir poursuivre leur voyage avec de la nourriture, mais aussi triste », témoigne Julia, une veuve de 44 ans œuvrant aux côtés de Norma qui, elle, ne peut retenir ses larmes ; « il y a de la colère à voir ces jeunes, qui ont du talent, quitter leur pays, et prendre des risques, c’est injuste ».
Si quelques membres des apôtres, à l’origine au nombre d’une vingtaine, se sont désistés ayant entendu qu’aider les migrants était un délit, pour Norma, « c’est une mission d’amour que nous avons ».

Si bien qu’au fil des années, sa maison fut transformée en centre d’hébergement, où grâce à des dons, elle put construire une extension et une petite chapelle pour accueillir des migrants et leur permettre de se reposer sur des matelas avant de reprendre la route.
« Ici on ne manque de rien, on nous donne à manger et aussi des vêtements », poursuit David le jeune migrant de 23 ans. Et à leur tour ces quelques migrants de passage apportent leur aide aux apôtres en cuisine et à la distribution des provisions aux autres voyageurs de la Bestia.

Comme un air de Tabitha

Si vous avez déjà entendu l’histoire de Tabitha dans la Bible, vous y reconnaîtrez sûrement l’œuvre de Norma et ses acolytes. Tabitha était une disciple du Christ qui faisait beaucoup de bonnes œuvres, confectionnait des vêtements et tuniques et donnait des aumônes auprès des gens de la ville de Joppé. Un jour elle tomba malade et mourut. Ses actions furent si grandes dans le cœur des habitants de la ville qu’ils prièrent l’apôtre Pierre de venir prier pour elle. S’exécutant, le Seigneur Jésus-Christ ressuscita Tabitha, au travers de son serviteur [cf. Actes 9 v.36-42 - Bible]. Un merveilleux témoignage qui démontre parfaitement ce que dit l’apôtre Paul ; « sachez-le, celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment » [2 Corinthiens 9 v.6 - Bible]
Bien sûr, semer avec amour, compassion et humilité est d’autant plus honorable et mémorable non seulement dans le cœur des Hommes mais bien plus dans celui de notre Père qui sait rétribuer à juste valeur.
C’est ainsi que nous prions pour Norma et ses amies comme le fit le roi Ezéchias dans la Bible qui se retrouva face à la mort : « O Eternel! Souviens-toi de ces 12 apôtres qui marchent avec fidélité et intégrité de cœur, et qui font ce qui est bien à tes yeux! ».

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Audrey Wolber

Artistes Press

Artiste ~ Chantre 🎼🎤Journaliste & Correctrice chez Artistes Press 📇🗞📰 ~ Entrepreneuse 👩🏽‍💻

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