Innocentés et libérés après 36 ans de prison

En 1992, naissait aux Etats-Unis le Projet Innocence. A l’initiative d’un collectif d’avocats bénévoles, le Projet Innocence a pour vision de venir en aide à tous les condamnés à tort qui tapissent les couloirs des prisons voire même le couloir de la mort. En dernier espoir, ces hommes et femmes de loi travaillent d’arrache-pied pour forcer les autorités à rouvrir des dossiers classés afin de libérer les innocentes victimes de lourdes erreurs judiciaires. En 2017, plus de 300 personnes ont pu être innocentées et libérées dont certaines aux portes de leur exécution.

Il ne serait pas malvenu de penser que ce Projet Innocence reflète la miséricorde de Dieu, car pendant que les Hommes ne jugent qu’aux apparences, même sur des preuves douteuses, le Seigneur dans sa bonté regarde au cœur, prête oreille à la détresse de l’opprimé et l’en sauve.
Parce que les malheureux sont opprimés et que les pauvres gémissent, Maintenant, dit l’Eternel, je me lève, J’apporte le salut à ceux contre qui l’on souffle. [Psaume 12 v.5 – La Bible] Le Projet Innocence intervient donc comme une grâce pour ces oubliés de la société sur qui l’opprobre a été déversé, très souvent même avec la complicité des forces de l’ordre et du système judiciaire.

Pour preuve, du côté de Baltimore, selon les informations du quotidien Canadien La Presse, trois hommes, Alfred Chestnut, Andrew Stewart et Ransom Watkins, condamnés à perpétuité en 1983, pour le meurtre de DeWitt Duckett, viennent d’être innocentés et libérés. Derrière cette excellente nouvelle, ce fort soulagement et ces sourires de victoire peut se cacher tout de même la douleur d’avoir perdu 36 années de leur vie derrière les barreaux.
Nous sommes humbles, nous ne sommes pas en colère. Mais cela n’aurait jamais dû arriver et quelqu’un va devoir payer, a déclaré Ransom Watkins à la sortie du tribunal.

En 1983, DeWitt Ducket est abattu dans les couloirs de son école après s’être fait volé son blouson. Sans tarder, les enquêteurs se tournent vers ces trois anciens élèves noirs de l’école, âgés à l’époque de 16 et 17 ans, car ils auraient été vus sur place un peu plus tôt et l’un des trois possédait le même blouson que celui de la victime. Malgré le ticket de caisse du blouson apporté par la mère du concerné et des témoignages les disculpant, la police serait parvenue à trouver quatre témoins accusant formellement les trois adolescents.
Or à la réouverture du dossier en mai dernier par une unité de correction des erreurs judiciaires, l’on apprendra finalement, comme le rapporte La Presse, que ces quatre témoins se seraient rétractés affirmant avoir été forcés par la police à témoigner contre les trois adolescents. Aujourd’hui l’enquête se dirigerait vers un autre suspect.
Mais ces témoignages accablants ont été fatales pour les trois jeunes, qui malgré leurs cris d’innocence ont été jugés coupables et condamnés à la perpétuité en moins de trois heures de délibérations.

Assurant que les trois hommes seront dédommagés, la procureure de Baltimore, Marilyn Mosby, s’est excusée pour cette lourde erreur judiciaire. Ce jour n’est pas une victoire, c’est une tragédie qu’on leur ait volé 36 ans, a-t-elle reconnu.
Dans un communiqué, la directrice du Projet Innocence Mid-Atlantic a déclaré que Tous ceux qui ont été impliqués dans ce dossier – les responsables de l’école, la police, les procureurs, les jurés, les médias et la population – se sont précipités sur les conclusions et ont laissé leurs préjugés étouffer les problèmes avec les preuves.

C’est hélas, une réalité qui ne cesse de se répéter dans de nombreux cas, comme par exemple, la célèbre affaire des cinq adolescents de Central Park, condamnés à tort et depuis reconnus innocents. Sous la pression médiatique, animés de préjugés, police et système judiciaire s’empressent bien trop souvent de jeter en pâture des innocents et de leur dérober leur vie.
Si le dédommagement financier peut être une consolation, peut-il racheter toutes les années perdues ? Comment se relever dans un monde inconnu ?
C’est pourquoi, nous prions le Père qui est l’auteur de la justice, de pouvoir accorder sa miséricorde et sa bienveillance à tous ces innocents enfermés et abandonnés en prison pour des crimes certes odieux mais qu’ils n’ont point commis, et de pouvoir leur accorder le salut et la restauration de l’âme.
Car chers lecteurs, Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez aussi prisonniers [Hébreux 13 v.3 - Bible]