C’est une chose extrêmement difficile d’être victime d’une erreur judiciaire ou d’un travail bafoué de la part des autorités. C’en est une autre d’être enfin reconnu non coupable d’un crime jamais commis, et ce, des années après. Ils sont nombreux les innocents qui périssent en prison, condamnés injustement et abandonnés par un système judiciaire en déclin. Que dire de ceux qui jusqu’alors attendent que le miracle se produise, la reconnaissance de leur innocence ? Ceux qui espèrent encore qu’un meilleur travail d’enquête soit effectué afin de démêler le vrai du faux, dans un présumé délit ou crime.
Ou encore les malheureux naïfs qui idéalisent notre justice et demeurent convaincus que la présomption d’innocence existe et peut encore jouer en leur faveur. Alors que bon nombre d’Hommes de loi l’évoquent, la présomption d’innocence n’existe que dans les livres de droit, mais dans les faits elle est piétinée. À n’en point douter, notre système judiciaire a besoin de prière et de la lumière de Dieu pour être éclairé et avoir un esprit plus juste.
C’est un bien triste témoignage que nous partage BFMTV. L’histoire de Farid El Haïry, 12ème personne depuis 1945, reconnue victime d’une erreur judiciaire, ce jeudi 15 décembre 2022 par la Cour de Révision. Il y a 24 ans, il fut arrêté suite à une accusation d’agression sexuelle et viol d’une jeune fille nommée Julie D. Elle avait 15 ans et affirma devant les gendarmes avoir été abusée par Farid E alors âgé de 17 ans.
« En 1998, Julie D., une jeune fille de 15 ans, dénonce des faits d'agression sexuelle commis quelques mois plus tôt dans la rue un soir alors qu'elle sortait d'un cinéma à Hazebrouck, dans le Nord, et de viol commis quelques semaines plus tard. Aux gendarmes, elle donnera le nom de l'un de ses agresseurs, Farid, qu'elle identifiera sur les planches de photos présentées par les militaires »
Malheureusement, ou bien heureusement selon l’opinion de chacun, l’histoire tragique de Farid E vient remettre en lumière l’injustice de notre justice. Et pour cause, cette affaire n’est pas qu’une simple histoire d’erreur judiciaire.
On y retrouve le mépris et les sempiternels stéréotypes des autorités à l’égard des personnes de milieu défavorisé et issue d’une certaine origine. A l’instar de Farid E. Pris pour cible malgré lui, il ne cessera de clamer son innocence. « Aux enquêteurs, il racontera même n'avoir jamais eu de relation sexuelle. Tout au long de l'instruction puis devant la cour d'assises pour mineurs de Douai ». Mais en vain, il fut condamné en 2003 à 5 ans de prison dont 4 ans et 2 mois de sursis.
Bouc et émissaire d’une affaire d’inceste
Sa période de détention provisoire d’un an aura suffi à couvrir sa peine, Farid El Hairy sort donc de prison. Ses parents, responsables civils, furent condamnés à verser la somme de 17 000 euros à sa prétendue victime. Cette affaire le marque au fer rouge, il porte injustement la tâche indélébile d’un criminel sexuel. Durant 15 ans, « chaque année, il va pointer au commissariat suite à son inscription au fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles et violentes. » Malgré tout, la vie continue et Farid tente de se construire. Il se marie et devient père de deux enfants, exerce dans le commerce, devient délégué syndical. À l’aube de sa quarantaine, coup de théâtre, il reçoit une lettre l’informant de la fin de ses pointages au commissariat.
Nous sommes en octobre 2017. Julie D. aurait avoué par une lettre au procureur de Douai, avoir menti. Elle était en réalité victime d’abus sexuels commis par son grand frère de ses 8 à ses 12 ans. Un secret longtemps inavoué jusqu’à fin 2017. Lorsqu’elle prit le courage de dénoncer son frère et porter plainte. Une décision qui a déchiré sa famille.
« L’enquête a eu lieu quand j’avais 15 ans, suite à une plainte de mes parents en mon nom, explique-t-elle dans son courrier retranscrit par Le Monde. Ils avaient eu connaissance de ces accusations par mon grand frère Antoine. Je me suis retrouvée ensuite dans un processus d’interrogatoires et d’enquête que je n’ai pas réussi à stopper. ».
Je demande pardon à la cour, à Farid et à ses proches
Mais les aveux de son accusatrice, Farid E. n’en aura connaissance que 5 ans plus tard, en 2022. En toute légitimité, avec son avocat Me Franck Berton, il demande l’annulation de sa condamnation pour viol. Le Jeudi 8 décembre, devant 13 magistrats de la cour de révision, il s’exprima en sanglot qu’il est grand temps que l’on reconnaisse cette innocence qu’il n’a jamais cessé de clamer durant 24 ans. L’avocate de Julie D, Me Anne-Sophie Wagnon, transmit les excuses de sa cliente, absente lors de l’audience.
J’étais un enfant, j’avais 17 ans, je suis passé par l’une des pires prisons. J’ai souffert. Je vous laisse imaginer le calvaire, surtout quand on est accusé de viol.
Si le monde s’indigne face aux jugements rendus selon l’apparence, le rang social, sur appui de fausses accusations, et parfois sans la moindre preuve, à combien plus forte raison notre Dieu. Qui hait l’injustice et défend les malheureux piétinés. Croyez-le ou non, les acteurs de ces faits ignobles ne restent pas impunis. Car celui qui s’octroie le droit de mépriser et détruire la vie d’autrui, se heurte à la justice divine qui voit la conduite de chacun, « Qui proclame la méchanceté des rois Et l'iniquité des princes, Qui n'a point égard à l'apparence des grands Et ne distingue pas le riche du pauvre, Parce que tous sont l'ouvrage de ses mains? En un instant, ils perdent la vie; Au milieu de la nuit, un peuple chancelle et périt; Le puissant disparaît, sans la main d'aucun homme. » [Job 34 v.18-20 Bible]
La Rédaction
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