Avec son Crédit Social, la Chine impose à ses citoyens une vie sous haute surveillance

news-details
Société | Chine

Derrière le virus qui est parvenu à confiner le monde dans ses quartiers, se cacherait un plus redoutable encore. D’origine technologique et se définissant comme innovateur, le numérique peaufine en sourdine son intrusion dans nos rues jusque dans notre intimité. Persuadant qu’il vient en paix nous apporter plus de sécurité dans ce monde incertain où la violence et l’incivilité prolifèrent.
Mais à travers son reportage intitulé « Tous surveillés, sept milliards de suspects », diffusé sur Arte le 21 avril dernier, le réalisateur Sylvain Louvet met en garde contre cet arsenal technologique qui ne cesse de repousser ses limites au point de quadriller les êtres humains dans une cage hautement surveillée.

Ce confinement nous l’a à nouveau démontré, l’Homme n’a été conçu pour vivre enfermé dans la peur. Il ne peut respirer sans liberté. L’Homme a besoin d’autonomie, de créer, d’une bouffée d’air d’indépendance. Sauf qu’aujourd’hui, alors que nous croyons être libres, plusieurs régimes autoritaires, totalitaires, dictatoriaux même sous couvert de la démocratie, veulent contrôler, surveiller à tout prix et imposer leur vision.
Le Big Brother Chinois en serait même le terrifiant précurseur. Depuis l’investiture de son président actuel, Xi Jinping, la Chine vit sous une dictature numérique, qui tendrait à s’expatrier vers les nations occidentales. Pour preuve, de 100 millions de caméras en 2008, les rues chinoises en comptent aujourd’hui près de 600 millions, soit une caméra pour deux habitants.

Des citoyens mis au pas

Contrôler le peuple est monnaie courante des hommes de pouvoir. Par cet arsenal numérique, le gouvernement chinois détient un dossier sur chaque citoyen, avec des détails qui frôlent la frayeur. Dans ce dossier, toutes les actions bonnes et mauvaises sont répertoriées et ce, durant toute la vie. La Chine vit sous le système de notation du public appelé le Crédit Social. En fonction de leurs actes, les citoyens sont notés, évalués, récompensés ou punis. Les notes attribuées vont de AAA à D. Les meilleurs peuvent adhérer au parti politique, bénéficier prioritairement de soutiens politiques et même avoir un prêt sans hypothèque.
Dans certaines villes comme à Rongcheng, une ville côtière au nord du pays, la première à avoir adopté le Crédit Social, les bons citoyens sont affichés sur des grands panneaux, recevant des trophées et les honneurs. Au centre de chaque quartier, les barèmes sont affichés pour rappeler les règles à suivre. Par exemple, retrait de 5 points pour le séchage de nourriture et la découpe illégale, pour le brûlage d’ordures ménagères et de feuilles; et gain de 5 points si l’on signale une personne participant à des sectes, faux, contrefaçons et constructions illégales, ce qui incite clairement à la délation.
Les mauvais citoyens, eux, sont affichés dans les gares et centres commerciaux pour être humiliés, des sonneries aux allures de sirène leur sont même attribuées lorsqu’on cherche à les joindre. Ils sont limités dans leurs déplacements, ne peuvent prendre l’avion, ni devenir maire. Les plus mauvais ayant la note de D sont inscrits sur liste noire des discrédités, ne peuvent être candidats à des postes de fonctionnaires, ne peuvent entrer dans l’armée ni bénéficier d’aucune aide de l’état.

Le gouvernement chinois défend les bienfaits de ce système dans la lutte contre les incivilités, mais pour les opposants il ne s’agirait que d’une vicieuse propagande communiste. Pour l’artiste chinois Ge Yulu, « l’Homme ne peut être réduit à une série de chiffres toute bête. Je dirai même en étant plus virulent que c’est une forme de perversion. Plus personne n’osera faire des erreurs, tenter des expériences, prendre des risques. Nous deviendrons des morts-vivants. Oui, des machines. Je trouve ça détestable. C’est terrifiant, je n’accepte pas ce genre d’avenir ». L’artiste poursuit en regrettant que les erreurs commises entachent à jamais les dossiers des citoyens, ce qui semblerait exclure toute rémission, au point de les enfermer dans le pays.

news-details

Si le chercheur à l’origine du Crédit Social, Lin Junyue prône une éducation sociale, il convient de réaliser que les clivages entre la population chinoise sont de plus en plus importants. Le regard des autres changent, les moins vertueux on ne les fréquente pas, dit un habitant, au cours du reportage. On les dénonce même pour avoir plus de points. Tandis que les bien notés sont la fierté de la nation.
« Le système de crédit social est le meilleur moyen de gérer une société. On peut contrôler les risques financiers, bancaires, mais aussi rétablir l’éducation morale, l’honnêteté, les comportements vertueux. », défend Lin Junyue. Cet aspect pas complètement faux en soi et portant tout de même des fruits, car il faut avouer que la Chine n’est pas réputée pour un fort taux de criminalité, embrigade tout de même la population dans un formatage qui ne laisse place à aucune erreur de parcours. Les humains peuvent créer des concepts qui partent d’un bon sentiment mais qui peuvent très vite devenir des carnages.

Non, il n'y a sur la terre point d'homme juste qui fasse le bien et qui ne pèche jamais. [Ecclésiaste 7 v.20]

La bonne question est : est-ce qu’un seul geste commis en bien ou mal peut résumer une personne dans sa nature profonde ? Le Crédit Social voudrait à tout prix augmenter les vertus chez les citoyens mais semble écarter de nombreux facteurs de la vie, car les épreuves que nous pouvons rencontrer peuvent engendrer des actions, parfois regrettées, mais en être punis de cette façon semble demeuré, n’est-ce pas ? L’on peut aussi agir parfois par distraction ou manque de présence d’esprit, mais cela fait-il de nous de mauvaises personnes ?
La Bible dit que sept fois le juste tombe, et il se relève [Proverbe 24 v.16]. N’est-il plus juste pour autant ? Il peut arriver à tous de faiblir mais le pardon que Dieu nous accorde, nous permet de nous relever, nous corriger, et changer. Le traitement infligé aux citoyens jugés mauvais semble dénué de toute compassion.

Nous pouvons alors nous réjouir du fait que Dieu, lui, ne regarde pas à l’apparence, ni ne s’arrête aux actes posés dans l’instant, car L'Éternel ne considère pas ce que l'homme considère; l'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Éternel regarde au coeur. [1 Samuel 16 v.7]. Ainsi, devant l’Eternel, nos fautes nous sont pardonnées et ne sont pas comptabilisées. Quand bien même nous pêchons, nous ne serons pas rejetés, placardés, humiliés, car la correction de Dieu est pleine d’amour ; sa parole nous dit qu’il est lent à la colère et riche en bonté. Soyons honnêtes, si l’apôtre Paul vivait sous le Crédit Social, ayant décimé les chrétiens, ordonné la lapidation d’Etienne, jamais il n’aurait quitté le territoire, inscrit sur liste noire, uniquement connus de tous comme un criminel notoire. Voyez-vous, les Hommes ont tendance à ne pas oublier vos erreurs, quand bien même vous faites du bien. C’est pourquoi la grâce de Dieu est la seule qui peut nous rendre vertueux dans le coeur, dans l’âme, et dans nos actes.

Aimez notre page Facebook
author

Audrey Wolber

Artistes Press

Artiste ~ Chantre 🎼🎤Journaliste & Correctrice chez Artistes Press 📇🗞📰 ~ Entrepreneuse 👩🏽‍💻

Partagés récemment

Ajouter un commentaire