Hôpital Remiremont: 5 plaintes pour homicide involontaire, les familles veulent connaître la vérité

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Santé

Il ne s’agit pas d’une, ni de deux mais de cinq plaintes déposées contre l’hôpital Remiremont. C’était pourtant pour des raisons dites « bénignes », « légères », voire même pour un accident « tout bête » comme en témoigne un membre de l’une des familles. Quatre femmes: Claudette, 51 ans, Mme Rouillon, 59 ans, Martine Souque, 67 ans, et la mère d’Azidine A., 78 ans, avaient été hospitalisées à l’hôpital de Remiremont dans les Vosges nous rapporte le quotidien Ouest-France; pour des cas banals, mais ont malheureusement trouvé la mort pour des raisons encore inexpliquées à l’heure actuelle.

Avalanche de plaintes

Il y a quelques semaines de cela, les médias nous parlaient de 3 plaintes déposées contre le centre hospitalier vosgien Remiremont, pour des décès inexpliqués survenus entre 2020 et 2022.  « Je veux savoir pourquoi je n'ai plus de maman », exprime Azidine. Et pour cause, le 7 juillet 2020, sa mère fut transportée à l’hôpital d’Epinal, pour une mauvaise chute; la radio releva une fracture du fémur et du Col du fémur. Elle fut transférée au centre hospitalier Remiremont qui releva un problème au niveau de la prothèse du genou. Opérée le lendemain, c’est en larme qu’elle appela son fils lui demandant de venir la sauver, de la faire sortir de là. « Elle m'a appelé en pleurant, en me disant: 'Sors-moi de là, sauve-moi », rapporte BFMTV.
C’est une mère affaiblie qu’il voit en se rendant à son chevet. Alors que sa sortie était prévue dans quelques jours, elle était « toute blanche, transparente, elle avait du mal à respirer ». Témoin et impuissant, il voit l’état de sa mère se dégrader sous ses yeux, « d'un coup, des infirmiers arrivent, intubent ma mère et la mette dans le coma. On m'explique que son pronostic vital est engagé mais sans me dire pourquoi; quelques heures plus tard, ma mère est morte. Une mort 'mystérieuse', me dit un médecin. Je suis resté choqué face à ce commentaire. », témoigne Azidine à BFMTV.
Malgré une tentative de médiation quelques mois plus tard, le 17 novembre 2020, Azidine et sa famille restent sans réponse jusqu’à présent indiquant que « dans le rapport, il est écrit que 'la dégradation de son état de santé demeure inexpliquée' et qu'il n'est pas possible de donner une explication au décès ».

Hanté et tourmenté par l’appel au secours de sa mère, il décide de porter plainte contre le centre hospitalier le 7 décembre dernier pour « homicide involontaire », soit deux ans après le décès brutal de sa mère, après avoir découvert un cas de décès similaire. « Je pense qu'il y a eu une erreur quelque part, ou au moins un mauvais suivi. Ça me hante, je veux savoir pourquoi ma mère m'a demandé de la sauver… ».
Le cas de la mère d’Azidine n’est pas isolé dans le centre hospitalier Remiremont fondé en 1974, les plaintes s’enchainent.
Le 9 novembre dernier c’est la famille de Martine Souque alors âgée de 67 ans qui porta plainte pour « homicide involontaire » lorsqu’elle perd la vie dans cet établissement. Hospitalisée le 22 juillet dernier pour une fracture du fémur à la suite d’une chute tout comme la mère d’Azidine; elle fut prise en charge dans le même service, opérée par le même chirurgien et anesthésiste, elle perd la vie le 29 juillet 2022, soit 7 jours après son entrée.
Angélique, sa fille, interviewée par BFMTV explique fin novembre que « quelques jours après l'opération, l'hôpital nous prévient que ma mère est en train d'être réanimée mais qu'il y a peu d'espoir. On tombe des nues car on passe d'une situation où il n'y a rien de grave à une dégradation subite et inexpliquée ». C’est en arrivant dans sa chambre, la trouvant vide, qu’Angélique apprend le décès de sa mère. Cherchant des réponses, on lui aurait répondu : « des décès on en a tous les jours, on n'en connaît pas toujours la cause. Je n'ai rien à vous dire, appelez le service des réclamations ».
Les dossiers médicaux de ces patientes présenteraient un certain nombre d’incohérences, d’absences de soins nécessaires. Martine a-t-elle reçu des antidouleurs ou autres ? Qu’est-ce qui pourrait expliquer l’aggravation soudaine de son état ?

En réalité, la première plainte date du 23 mai 2022, par Jean-Bernard Rouillon toujours pour « homicide involontaire » de son épouse âgée de 59 ans. Elle fut admise pour une pancréatite aiguë et trouva la mort le 6 mai 2022 vers 15h, soit deux jours après son entrée, suite à une dégradation rapide de son état en quelques heures. Et comme nos deux autres victimes, les raisons de cette aggravation sont inexpliquées. « Le cœur a lâché, c’est un arrêt cardiaque, fini », aurait lancé le médecin à l’époux éploré. Selon Jean-Bernard Rouillon, l’état de santé de son épouse aurait été minimisé car il apparaitrait dans son dossier qu’elle souffrait de légères douleurs abdominales alors qu’ elle vivait un véritable martyre.
A ces plaintes, s’ajoute un cas de négligence qui aurait pu conduire au décès de cet homme, âgé de 46 ans, qui à son tour porte plainte contre l’établissement pour « mise en danger de la vie d’autrui », à la suite d’une erreur de diagnostic, explique l’avocate du plaignant et également de ces 4 familles, Me Risacher, car « mon client s'est fracturé dix côtes sans que cela ne soit relevé lors du scanner effectué par l'hôpital de Remiremont. Une erreur dont il subit à ce jour les conséquences, notamment au niveau des poumons ».

Nous vous parlions plus de haut de 5 plaintes au total, car effectivement, un nouveau dépôt de plainte doit s’ajouter, celui de la famille de Claudette. Claudette fut hospitalisée en décembre 2018, pour une pancréatite aiguë, tout comme l’épouse de Jean-Bernard Rouillon. Le 5 décembre 2018, Claudette ressent de vives douleurs abdominales, après 7h aux urgences. Prise de sang et scanner révèlent une pancréatite aiguë. Par manque de place, elle sera hospitalisée en médecine générale et non dans le service de gastro-entérologie, et fut prise en charge par un cancérologue et non un gastro-entérologue.
Plusieurs examens devaient être réalisés durant son hospitalisation, mais aucun d’eux n’apparaît dans son dossier, explique sa fille. Elle rajoute que sa mère souffrait d’hypertension, et devait prendre un traitement strict, que son père apporta à l’équipe médicale.
Le dossier révèle que Claudette fit un arrêt cardio-respiratoire, et malgré 34 min de massage cardiaque, elle mourut le troisième jour de son hospitalisation. Aucune raison qui explique sa mort, ni l’heure du décès n’apparaissent dans son dossier.

La famille fit des démarches pour rencontrer la commission de conciliation de l’hôpital, « on ne fait pas du cas par cas », leur a-t-on répondu. Sylvio, l’époux parle d’un manque d’empathie, «  face à moi le médecin s'est mis à pleurer, il m'a dit je ne sais pas, je ne sais plus. » C’est en apprenant les autres cas similaires à la perte tragique de son épouse, que la famille de Claudette décide de porter plainte. Ce sera donc la 5ème, et la quatrième pour « homicide involontaire ».
Avocate de tous les plaignants, Me Risacher est déterminée pour que la vérité soit révélée, les causes exactes de ces décès doivent être apportées aux familles.
Des familles en proie à la douleur, au choc d’avoir perdu aussi brutalement leur mère, leurs épouses, leurs soeurs. « On attend que des investigations soient menées pour faire la lumière sur les circonstances étranges de la mort de notre mère. Cela ne nous la ramènera pas, mais si l'hôpital a été négligent, il doit répondre de ses actes », témoigne Angélique Souque, auprès de BFMTV.

Une réaction sur la défensive

Jusqu’à présent les porte-paroles du centre hospitalier étaient restés discrets, très peu expressifs. L’on pointe du doigt un manque de communication interne, entre les médecins, les services, les différents professionnels médicaux et paramédicaux quant à l’articulation de certains actes, ou soins. L’hôpital cherche t-il à cacher des erreurs ? Est-ce un manque de vigilance ? Lors d’une interview, Charlotte fille de Claudette, répond « totalement » à la question si selon elle, le cas de sa mère serait liée à un manque de moyen, un manque de personnel. « C’est le même cas pour tous les dossiers, toutes les personnes meurent d’un arrêt cardiaque mais on ne sait pas pourquoi […] je pense que le manque de moyens, le manque de personnels est responsable de la mort de sa mère, 1 infirmière pour 24 patients. »
C’est à l’antenne radio de Franceinfo, que Dominique Chauveau, directeur du centre hospitalier s’est exprimé. « Déjà, il y a un problème de communication. C'est-à-dire que l'hôpital, ses médecins, sa direction, ses services doivent pouvoir répondre aux questions lorsqu'il y a un décès que la famille ne comprend pas. Après, d'un point de vue médical, rien ne nous permet d'analyser une faute quelconque du service public hospitalier. »

Ce 1er janvier dernier, un communiqué pour le moins défensif est partagé sur le site de l’hôpital. L’ADEMAT-H, l’Association pour la Défense, le Maintient, et l’Amélioration de la Maternité et de l’hôpital de Remiremont dénonce « l’acharnement médiatique contre l’hôpital de Remiremont » Précisant que « depuis 15 jours nous assistons à un déferlement médiatique à l’encontre de l’hôpital dont nous pensons légitiment qu’il ne sert pas les patients mais vise à enfoncer encore davantage le service public déjà bien affaibli…
Tous les décès mis sur la place publique relèvent du secret médical et aucun observateur ne dispose des éléments objectifs pour juger. Aussi à qui sert cet acharnement médiatique au-delà de vendre du papier ou de faire monter l’audimat ? Pour sûr, ni à la population des Hautes Vosges, ni au service public hospitalier. 
Nous n’avons pas à interférer dans les affaires en cours d’instruction, même si la judiciarisation de notre société nous inquiète. L’émotion légitime des familles ne justifie pas l’exploitation médiatique qui en est faite, alimentée par le sens de la communication d’une avocate qui se fait une publicité gratuite. »

Le ton est donné et les familles déterminées. Les similitudes entre ces affaires sont « très troublantes », réagit Me Nancy Risacher. « Est-ce-que l'hôpital a commis des erreurs car il manque de personnel et de moyens, ou est-ce qu’il s'agit d'une incompétence notoire? », s’interroge-t-elle.
Pour l’heure, le parquet d’Epinal a ouvert une information judiciaire pour « homicide involontaire contre X », indiquait le procureur de la République, Frédérique Nahon à France Bleu Régions, afin de pouvoir mettre la lumière sur ce qu’il s’est réellement passé. L’ARS (Agence Régional Santé) explique de son coté que des investigations sont en cours.
Nous ne sommes pas sans savoir que les hôpitaux font face depuis plus d’une décennie à un manque de moyens sans précédent, sur le plan financier comme humain. Qui engendre une pression plus forte et un personnel plus fatigué.

Chers lecteurs, cette situation doit retenir notre attention. Ces victimes pourraient être notre mère, notre soeur, notre épouse. Nous ne pouvons rester insensibles face à la douleur de ces familles. Chère église, Romains 12 v.15 nous dit de nous réjouir avec ceux qui se réjouissent mais aussi de pleurer avec ceux qui pleurent, de soutenir les affligés. Nous avons cette force à l’unisson de prier pour ces familles et de prier pour qu’une enquête soit menée sérieusement afin que la vérité soit dite et connue et que la justice soit faite. Ainsi ces familles pourront faire leur deuil, trouver la paix et le réconfort.

La Rédaction

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