Tract contre l’homosexualité : 6 mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende pour les deux évangélistes
Souvenez-vous, en mai dernier, deux frères de l’Eglise Evangélique de Cognac ont, à leur propre initiative conçu puis distribué en grand nombre un tract intitulé « Délivré de l’homosexualité »; et sur lequel était relaté le témoignage d’un jeune frère nommé Mickaël, ex-homosexuel converti à Jésus-Christ et délivré de ses anciennes passions charnelles. Mais voilà, leur acte jugé homophobe avait clairement soulevé l’indignation chez les organisations luttant contre l’homophobie jusqu’à leur propre pasteur, Johan Del Zotto. Qui s’était d’ailleurs empressé de réfuter toute responsabilité dans cet acte isolé mené par ces deux fidèles.
Et l’affaire ne s’est pas arrêtée là, puisque les deux prévenus, âgées de 68 et 71 ans, sans casiers, ont été arrêtés suite à une plainte déposée contre l’association contre l’homophobie, Adhéos et siègent aujourd’hui sur le banc des accusés du tribunal d’Angoulême pour leur « évangélisation homophobe », telle que le clame la procureure, Stéphanie Veyssière en face de l’association Adhéos tenant le rôle de la partie civile et représentée par Me Michel Navion.
Lundi 7 septembre 2015, s’ouvrait ce procès inédit. Durant quatre heures et demie, Me Navion et Me Jean Ngafaounain, avocat de la défense ont longuement débattu autour de la liberté de pensée, de culte et d’expression, devant un auditoire partagé entre membres de l’association Adhéos et fidèles de l’Eglise Evangélique de Cognac.
La partie civile avait même appelé à la barre le pasteur Johan Del Torro comme témoin, ce qui n’a pas eu don d’arranger le cas de nos deux prévenus.
« Notre message est un message d’accueil. On n’est pas là pour stigmatiser les gens. Ce tract a été distribué sans mon accord et si j’en avais eu connaissance
avant, je n’aurais pas accepté qu’il le soit », a-t-il déclaré.
Pour la procureure, Mme Veyssière, il y a là « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence, injures publiques envers un particulier en raison de l’orientation ou identité sexuelle ». Mais pour l’auteur du tract, qui n’a pour référence que la Bible, il ne s’agit là que du témoignage d’un homme qui était malheureux avant de croire en Dieu.
« Ce tract exprime une conviction, mais comme pour les partis politiques, on est montré du doigt pour oc convictions. Il y a encore des progrès à faire dans le
domaine de la tolérance », dit-il sans frayeur estimant que s’il y a provocation à la haine, à la discrimination ou injures , c’est uniquement à son encontre et
ce, pour ses croyances.
« Je ne suis pas homophobe, j’ai même des amis homosexuels. J’aime tout le monde. Pour la Bible, l’homosexualité est une mauvaise chose, un péché qui les prive de
la communion avec Dieu. Selon le livre d’Ezéchiel, si j’avertis le « méchant » et qu’il ne change pas sa conduite, il mourra et moi, je sauverai ma vie. Mais je ne
l’avertis pas, je serai responsable », conclut avec assurance et foi le prévenu.
Cependant la procureure, non convaincue par ses arguments, aussi bons soient-ils, a requis contre les deux frères, 6 mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende. Une sanction sans doute assez dure, qui laisse perplexe l’auteur du tract qui ne comprend pas pourquoi il est accusé et poursuivi et assure même qu’une personne l’aurait remercié pour ce tract.
Reste à savoir si la justice sera de leur côté, en rendant son verdict le 2 novembre prochain.
Par Audrey Wolber
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