Scandale Ashley Madison : un pasteur se suicide

« La vie est courte. Prenez un (e) amant (e) ». Voici le slogan alléchant du célèbre site de rencontres extraconjugales discrètes, Ashley Madison. Ayant attiré depuis sa création, quelques millions d’utilisateurs à travers le monde, célébrités comme anonymes, le site d’adultère sombre aujourd’hui dans l’un des plus gros scandales du piratage. Et ce, pour le plus grand malheur de ses clients.

La société Ashley Madison, basée au Canada, qui assurait fièrement une sécurité infaillible, s’est vu pirater, en juillet dernier, par un groupe de hackers se nommant « The impact Team ». Les pirates se sont tout bonnement introduis dans les serveurs défaillants de la société et ont dévoilé, en août dernier quelque 30 giga-octets de fichiers contenant les noms, emails et comptes des malheureux infidèles. Allant même jusqu’à publier leurs préférences sexuelles. Il faut dire qu’aux Etats-Unis comme En France ou ailleurs, les 32 millions d’infidèles exposés ont vu s’écrouler leur petite double vie. D’autant plus que plusieurs d’entre eux sont connus pour prôner la fidélité maritale et les valeurs du mariage. Désillusion pour leurs familles et proches.

La publication de tous ces noms a été dévastatrice. Outre la vague de divorces provoquée, ce sont des millions d’hommes et femmes qui ont vu leur réputation déchoir, leur job s’envoler et encore. En gros une descente aux enfers. Et on est loin de l’euphémisme ! Aux Etats-Unis où l’on compte une majorité de clients du site déchu, la police aurait déjà relevé plusieurs suicides liés à ce scandale. Parmi eux, l’on compte John Gisbon.

A 56 ans, ce pasteur et enseignant au New Orleans Baptist Theological Seminary, époux et père de deux enfants, n’a pu, depuis que son nom eut été jeté en pâture sur Internet par les hackers, supporté le poids de son péché. Moins d’un mois après, il mettait fin à ses jours.

Dans une lettre d’adieu adressée à son épouse – ayant découvert le corps de son défunt mari chez eux, en rentrant après une journée de travail – il explique sa profonde détresse et dépression. « Il a mentionné avoir son nom (sur cette liste) et a confié être vraiment, profondément désolé », a déclaré sa veuve, Christi.

Elle rapporta également que son époux redoutait de perdre son travail. Et l’on peut comprendre sa désolation quand on voit la forte notoriété dont il jouissait au sein de sa communauté et parmi ses proches.

Au travail, le pasteur était respecté et aimé par ses étudiants et ses collègues. Au quotidien, il était toujours prêt à dépanner ses amis, il aimait rire et danser, se passionnant de la mécanique automobile.
« Mon père était un homme remarquable. Un homme remarquable avec des démons intérieurs. Tout le monde en a. chacun a ses failles », déclarait son fils, Trey, lors de la cérémonie d’obsèques.

Au moins 400 pasteurs (in)fidèles d’Ashley Madison

Hélas ! John Gibson n’était pas le seul à s’être laissé tenter par l’appel sulfureux d’Ashley Madison. Parmi les noms divulgués sur Internet, l’on retrouve 400 pasteurs ! D’après le site ChristianityToday, plusieurs églises nord-américaines seraient en pleine tourmente face à ce scandale inattendu.
Et les sanctions n’ont guère tardé à pleuvoir. Le pasteur RC Sproul Jr, de Ligonier Ministries, s’est vu écarter de son ministère et de la Reformed Bible College où il siégeait au poste de théologien et philosophe.

Démasqué, ce veuf, père de 8 enfants, s’est excusé publiquement au Père ainsi qu’aux fidèles de sa congrégation. « En août 2014, dans un moment de faiblesse, de douleur, motivé par une curiosité maladive, j’ai visité le site Ashley Madison. Je n’y étais pas pour faire un article critique à propos de l’adultère, je me suis inscrit pour réveiller ma flamme et mon imagination ».

A contrario du Pasteur RC Sproul Jr., d’autres, accablés par la honte, ont démissionné, ou encore n’ont reçu aucun soutien de leurs assemblées. Mais les pasteurs seuls ne sont pas concernés ; le site révèle également les noms de diacres, missionnaires évangéliques, etc.

Cette parole est certaine. Si quelqu’un aspire à la charge d’évêque, il désire une œuvre excellente. Il faut donc que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, modéré, réglé dans sa conduite, hospitalier, propre à l’enseignement […] Il faut qu’il dirige bien sa propre maison […] car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Eglise de Dieu ? [1 Timothée 3 :1-8].

Comme le relève le pasteur Ed Stetzer du ministère Lifeway, les actes des bergers affectent les brebis, et davantage les faibles brebis. D’où l’importance pour un évêque d’être irréprochable. L’adultère est un péché, certes, cependant quiconque se repent en Christ, obtient grâce et miséricorde.

Ainsi, comme lance le pasteur Ed Stetzer, il serait louable pour tous ces hommes de Dieu impliqués, de se repentir publiquement pour à nouveau obtenir le soutien de leurs congrégations. Loin de les juger et condamner, il interpelle le peuple de Dieu à les aider, eux ainsi que leurs familles, à se relever d’une telle chute et se reconstruire.

Ce énième scandale, l’un des plus gros, vient relever la crise que subit le mariage dans le corps du Christ. Pourquoi donc l’adultère a-t-il gagné tant de terrain au sein de nos assemblées ? C’est une problématique qui, pour le pasteur Ed Stetzer ne doit plus être tabou – comme cela l’a été durant des décennies, provoquant alors le chaos actuel des ménages chrétiens – mais bien au contraire doit être posée et évaluée pour être éradiquée.

Audrey WOLBER

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