Irlande : la justice contre le pasteur McConnell pour avoir qualifié l’islam de satanique

Et il ne le regrette pas !

« L’islam est païen, l’islam est satanique, l’islam est une doctrine engendrée en enfer ».
Voici les propos, pour les moins radicaux, qu’a déclarés le pasteur évangélique James McConnell, lors d’un de ses derniers sermons, l’année passée devant la congrégation du Tabernacle de Whitewell, dont il est le fondateur. Des propos qu’il a par la suite, diffusés sur sa page Facebook.
Et bien qu’aujourd’hui, l’évêque âgé de 78 ans n’officie plus, ses propos, ayant fait le tour des réseaux sociaux, demeurent, eux, dans les esprits et lui ont même, disons, attiré quelques ennuis.

Ayant, aux yeux des autorités, transgressé la loi anglaise de 2003 sur les communications qui stipule que « l’envoi, par l’intermédiaire d’un réseau public de communications électroniques, d’un message est gravement offensant », le pasteur McConnell s’est vu inculpé par un tribunal d’instance de Belfast pour « incitation à la haine ». Et il faut dire qu’outre ses quelques milliers de fidèles le soutenant contre vents et marrées, pancartes à la main, l’homme d’église, qui n’a pas séduit les juges, s’est mis non seulement la communauté musulmane à dos, mais également les trois principales églises protestantes du pays, le vice-Premier ministre Martin McGuinness, les organisations antiracistes et également une majorité de la population de Belfast dont les oreilles bourdonnent encore à l’écho de ses paroles incendiaires.

Sur le banc des accusés, lors de sa première comparution au tribunal le 6 août dernier, devant une foule de journalistes, le pasteur qualifie ces accusations d’infondées et de stupides, se réfugiant derrière la liberté sacrée d’expression et de religion. Mais il semblerait que même cette liberté ait des limites.

Cependant, campant sur ses convictions, James McConnell ne regrette pas une seconde sa déclaration.

Je n’ai aucun regret de ce que j’ai déclaré. Je ne haïs pas les musulmans, mais je dénonce l’islam comme doctrine et je n’ai pas d’excuses à présenter pour cela. Quand je serai dans le box des accusés, en août prochain, je plaiderai « non coupable ». Je soutiens avec les fonds de la paroisse des soins médicaux pour 1 200 enfants musulmans au Kenya et en Ethiopie. Je n’ai pas de haine dans mon cœur pour les musulmans, mais je ne m’arrêterai pas de prêcher contre l’islam.

Islamophobe convaincu alors, l’accusé peut néanmoins compter sur le soutien de son avocat, prêt à se battre pour rendre cette affaire historique, convoquant à la barre, des témoins politiques, religieux et universitaires de toute l’Angleterre pour défendre les libertés d’expression et de religion.

Pour Me Joe Rice, nous assistons là à une véritable injustice perpétrée par un état anglais pourtant considéré comme de civilisation chrétienne, mais où le christianisme ne recèle aucun droit particulier.

La décision de le poursuivre, lui chrétien, et non les prédicateurs extrémistes musulmans qui officient en Grande-Bretagne, démontre que les chrétiens sont « persécutés » par les autorités. Soyez rassurés que nous allons appeler beaucoup, beaucoup plus. Ce sera un cas historique […] Je pense que le procès devra être déplacé vers la Haute Cour, car les tribunaux locaux ne seront pas assez grand pour l’accueillir.

Avant d’ajouter,

Selon toute logique, la décision de poursuivre le pasteur McConnell signifie que de nombreux clerc – y compris des prêtres catholiques et autres pasteurs évangéliques – peuvent désormais se retrouver sous enquête pour avoir prêché avec conviction

Il est clair pour Me Joe Rice, que l’Irlande trahit ses propres convictions chrétiennes. Pour lui, les libertés d’expression et de religion doivent s’étendre aux chrétiens tout comme aux autres.

De son côté, le pasteur, qui aura donc dépeint l’islam comme une œuvre du diable engendrée en enfer, ne semble pas perturbé par les six mois de prison ferme qu’il risque d’écoper.

Si je dois aller en prison, tout ce qu’il me faut c’est ma tablette, mes lunettes de lecture et des livres de la bibliothèque. Si je suis envoyé en prison, je vais utiliser mon temps à lire et écrire. Ma femme est âgée de 79 ans et en mauvaise santé aussi. Mais elle a toujours été mon rocher et nous allons passer cela ensemble […] Aux premiers siècles, les apôtres ont été emprisonnés pour prêcher l’Evangile. Les premiers chrétiens ont été bouillis dans de l’huile, brûlés sur des bûchers et dévorés par des bêtes sauvages. S’ils ont fait face et ont conservé leur foi, je peux facilement faire six mois de prison

C’est donc sur les pas du Christ et ses premiers disciples que le pasteur McConnell marche sans flancher. Le Seigneur n’a- t-il pas, par ailleurs, déclaré que l’on vous mènera devant les magistrats et les autorités, à cause de son Nom ? [Luc 12 :11]
Mais il est aussi écrit dans Actes 18 :9-10 : « ne crains point, mais parle et ne te tais point, car je suis avec toi, et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal : parle, car j’ai un peuple nombreux dans cette ville ».

Le pasteur James McConnell a-t-il manqué de tact ? San doute ! Cependant est-ce une raison pour que l’homme de Dieu ait pour nouvelle demeure une cellule d’environ 9 m² ? Cette affaire, à l’instar des déclarations de Me Joe Rice, relève les inégalités de traitements affligés aux chrétiens, qui apparemment se voient imposer plus de limites que d’autres.
Les temps deviennent de plus en durs pour les croyants, privés de leur liberté d’expression, Mais, sachez que le disciple du Christ est appelé à élever sa voix et ne pas se détourner de sa foi en son Seigneur, pour la cause de l’Evangile, une cause noble primant sur toute autre chose, même sa propre vie.

En attendant, l’affaire suit son cours et le 3 septembre dernier, l’accusation et la défense se sont à nous confronter au tribunal. Nous restons à l’affut de la suite de ce procès tout à fait inédit en Irlande.

Audrey WOLBER

---

---