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Aylan Kurdi, 3 ans, mort en fuyant l’Etat Islamique

Sa photo, insoutenable, fait le tour du monde. Aylan Kurdi, ce petit syrien, tout juste âgé de 3 ans a péri dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 septembre, englouti dans la mer Egée, lui, son frère, Ghaled, 5 ans et leur mère, Rihanna, 27 ans. Seul leur père, Abdullah Kurdi a survécu.

Le malheureux survivant, au lendemain du drame qui a coûté la vie à toute sa famille, raconte son histoire.

« Nous étions en mer depuis quatre minutes et les vagues étaient si hautes. Nous avions des gilets de sauvetage mais le bateau a subitement chaviré parce que des gens se sont levés. Je tenais la main de ma femme. Mais mes enfants m’ont glissé des mains », raconte ce père endeuillé.

« Il faisait noir et tout le monde criait. C’est pour ça que ma femme et mes enfants n’ont pas pu entendre ma voix. J’ai essayé de nager jusqu’à la côte grâce aux lumières mais je n’ai pas pu retrouver ma femme et mes enfants une fois à terre. Je suis allé à l’hôpital et c’est là que j’ai appris la mauvaise nouvelle », poursuit-il.

La mauvaise nouvelle, c’est aussi le monde entier qui l’a apprise en voyant les clichés du corps inanimé du petit Aylan, échoué sur une plage de la station balnéaire huppée de Bodrum dans le sud-ouest de la Turquie, face contre sable, d’où était partie l’embarcation de 23 personnes à bord de laquelle se trouvait la famille Kurdi. Au total, ce sont douze migrants syriens qui ont péri cette nuit-là.

Comme beaucoup d’autres avant eux, et sûrement beaucoup après, la famille Kurdi tentait depuis trois ans maintenant de fuir la guerre sanglante menée par l’Etat Islamique.

Un journaliste syrien confie que la famille avait quitté Damas en 2012 pour Alep. Les combats déclarés, elle s’est finalement installée dans la ville de Kobane. Mais depuis l’automne 2014, la ville est devenue la cible des djihadistes de l’Etat islamique. Détruite par les bombardements, c’est ainsi qu’Abdullah et sa femme décidèrent définitivement de s’enfuirent avec leurs deux fils.

Aylan & son frère Ghaled

Mais toutes leurs tentatives furent vaines. Ils tentèrent une première fois de rejoindre légalement de la famille au Canada mais ont vu leur dossier refusé par le gouvernement canadien. Par la suite, à l’instar de milliers d’autres Syriens, ils optèrent pour les traversées clandestines. Là encore, échec sur échec. Une première fois, arrêtés par les gardes côte, une seconde fois, plantés par les passeurs. Complètement désespérés, c’est avec d’autres migrants comme eux, qu’ils décidèrent une ultime fois de traverser seuls et rejoindre par leurs propres moyens l’île grecque de Kos, en passant par la Turquie.

« Nous avons récupéré un bateau et nous avons donc essayé de traverser seuls », témoigne-t-il. Ne sachant pas qu’il s’agirait là de la fin du voyage pour sa famille.

Ce vendredi 4 septembre, Abdullah a rebroussé chemin vers la Syrie, à Kobane pour enterrer dignement les siens disparus.

Ce nouveau drame, qui a bouleversé le monde entier vient à nouveau relever la situation catastrophique de ces milliers de migrants qui, au risque de leur vie, affrontent chaque jour la mer, à la recherche d’un havre de paix, fuyant le chaos mené par l’Etat Islamique au Moyen Orient. L’Europe, qui jusque-là empêchait ces afflux migratoires sur son territoire, se voit aujourd'hui confrontée à cette horrible réalité, faisant face à la pire crise migratoire depuis 1945.

« Ces images sont extraordinaires et rappellent durement que, alors que les leaders européens essaient de plus en plus d’empêcher les migrants de s’installer sur le continent, de plus en plus de réfugiés meurent en plein désespoir, tentant de fuir les persécutions et de se mettre en sécurité », déclare le journal britannique, The Independant, premier à avoir choisi de publier la photo du petit Aylan.

Même si les avis divergent, les leaders européens se voient dans l’obligation d’agir. Pour certains, à l’instar de David Cameron, Premier Ministre Britannique, l’on ne peut accueillir tout le monde et propose d’apporter une paix et stabilité dans ces régions en crise, même si l’Angleterre s’engage à accueillir ce samedi des milliers de réfugiés syriens.

Pour d’autres comme l’Allemagne, la France et L’Italie, il faut reconsidérer le droit d’asile en Europe et une meilleure répartition des migrants dans toute l’Union Européenne. En attendant, d’autres pays ont également ouvert leurs frontières. Comme l’Autriche, qui attend ce samedi quelques 10 000 migrants et exhorte l’Europe à ouvrir les yeux, après qu’environ 2800 personnes soient mortes en Méditerranée, depuis le début de l’année, selon l’ONU.

En tant que chrétiens, nous ne pouvons demeurer insensibles face à une telle situation. En quête de liberté et de paix, des milliers de familles risquent leur vies. C’est donc rempli de compassion et d’empathie, que nous prions pour nos prochains, plongés dans ce chaos orchestré par l’Etat Islamique, qui au nom d’un dieu, ravage tout sur son passage.

Intercédons, chers lecteurs, pour nos politiques, qu’ils ne puissent demeurer plus longtemps impassibles et impuissants face à cette crise. Car, oui, le monde d’aujourd’hui est à feu et à sang.

Par Audrey Wolber

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