“Je sais ce que tu vis… Car moi aussi je l’ai vécu”

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Une exhortation écrite par Yannick NILA

Tel est le leitmotiv d’un homme qui a su tirer profit d’une expérience douloureuse, pour venir en aide à son prochain. Il ne suffit pas d’avoir de bons sentiments pour secourir une personne, il faut pouvoir s’impliquer, et se battre pour elle, et avec elle. Cette idée, Gilbert Pinteau, ancien sans domicile fixe, en est l’illustre défenseur. Acteur important de la lutte des droits des sans-abri; Il est le président et fondateur de l’association “Collectif SDF” à Lille (Nord). Par le biais d’un projet adapté et audacieux, il a su apporter une réponse pérenne à la prise en charge des SDF lillois, dans un contexte social assez maussade. Marqué par une vie qui ne lui a pas fait de cadeau; il désire, à présent, apporter sa pierre à l’édifice, en aidant d’anciens frères d’armes à retrouver un logement, et à renouer avec une vie jadis oubliée. N’attendant pas une période définie, ou des financements de l’Etat. C’est avec une bonne dose de courage, saupoudrée de poigne, et de pugnacité que le quinquagénaire permet à un public marginalisé de retrouver espoir. Cette recette a fait ses preuves, près de 5 ans après sa création, l’association a su créer un solide réseau de partenaire, mais surtout a réussi, à reloger près de 300 SDF.

Comment a-t’il réussi ce coup de maître là où nos infrastructures peinent à y arriver? Retour sur le parcours difficile d’un homme qui malgré l’adversité a décidé de ne pas baisser les bras.

“En 48h j’ai tout perdu…”

C’est à la suite, d’un divorce douloureux que Gilbert Pinteau, 45 ans, se retrouve, sans biens, ni ressources. Confronté à la réalité de toute personne se retrouvant sans logement, il comprend à ses dépens que sa seule solution est de trouver refuge, dans la rue. Il erre de lieu en lieu, arpentant les grands axes des plus grandes villes de France, à la quête d’un endroit paisible et plus favorable. Ayant déjà connu cette situation à l’âge de 17 ans, il espère que celle-ci se réglera rapidement. Malheureusement, elle durera encore plusieurs années.

C’est dans une peur indicible, un qui-vive permanent que Gilbert Pinteau tente tant bien que mal de “survivre”, comme il le précise si bien. Vivant de mendicité, chaque jour, il se bat pour trouver de quoi manger et garder une forme de dignité. Résilient, il refuse de sombrer dans l’alcool, comme beaucoup d’autres. Il garde au fond de lui cet espoir et cette envie acharnée de s’en sortir. Ces années d’errance l’ont marqué et surtout épuisé. Il décide donc de se rendre à Lille, avec pour objectif de trouver de l’aide. Il sera hébergé onze mois au SAMU Social, mais l’aventure tournera mal et en 2011, ll est sommé de quitter les lieux.

Une colère salvatrice!

De nouveau à la rue, fulminant! Il ne baisse pas les bras et crée avec ses trois amis connus dans le centre d’hébergement, où il a été congédié; Le collectif SDF, qui aura pour but d’aider les sans-abri à renouer avec leurs droits. En parallèle, il entreprend des démarches pour trouver un logement. Il écume les petites annonces sur internet, contacte moult bailleurs. Les refus, il ne les comptent plus, mais Gilbert Pinteau, est tenace, il continue d’appeler jusqu’au jour où il tombe sur cette propriétaire qui décide de lui faire confiance. Locataire d’un studio, il ne décide pas de garder cette belle victoire pour lui. Il se dit “si ça a marché pour moi, ça marchera pour d’autres”. Il va commencer par aider un ami en réitérant le même procédé, et le résultat est concluant.

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Fort de ce succès, le fondateur du “collectif SDF”, sait que pour accompagner efficacement ses anciens compagnons de fortune, il faut tout d’abord leur trouver un toit! Il va donc axer les missions de son association dans ce sens, en y rajoutant un suivi effectif et probant. Sa méthode reste toujours la même, il contacte des propriétaires privés, en partenariat avec les futurs locataires, il tentent de trouver un logement qui corresponde à leurs critères.

Loin d’être une initiative ponctuelle, c’est un réel travail d’insertion qui est effectué, comme nous le relate le président : “ […] on sait qu'un toit, ça fait tout. Les gens ont un bail à leur nom, leurs clés, ils sont chez eux. Au début, on les aide à s'équiper et à se nourrir. Il faut qu'ils réapprennent à payer un loyer, leurs factures, mais c'est une machine qui se remet en route. La confiance les revalorise et ils se reprennent vite en main”. Ceci nous rappelle ce célèbre dicton : “Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours”. Le quinquagénaire rend à ce public une autonomie qu’il n’avait plus.

Un courage édifiant!

Interviewé sur Europe 1, il explique son combat quotidien et comment avec très peu d’aide de l’Etat, il continue, malgré tout, d’aller dans les parcs à la rencontre des sans-abri. Conscient que s’il ne fait le premier pas, ces délaissés ne s’approcheront pas. Ce samaritain des temps modernes, fait preuve d’une grande compassion, mais surtout de charité. Et nous savons que toute personne faisant preuve de charité a connu Dieu! [cf. 1 Jean 4 v.7-8]

En définitive, nous ne pouvons qu’admirer la ténacité dont cet homme démontra durant tout son parcours. Contre vents et marées, il ne s’est guère laissé impressionner, il s’est battu pour sa vie, puis pour celles de ses compagnons d’infortune. Son témoignage est un enseignement. Car cet homme, ne le sait sans doute pas, mais l’oeuvre qu’il accomplit en faveur de ce public est une action divine : “Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli; j'étais nu, et vous m'avez vêtu; […] Et le roi leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites”. [ Matthieu 25 v. 35-40].

La Rédaction

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