Afrique : le cacao de la honte

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Une exhortation écrite par Yannick NILA

L’affliction, est définie comme étant, “une peine profonde, abattement, détresse”. C’est en tout point, le ressenti de ces milliers d’enfants, forcés de travailler dans les plantations de cacao. Les faits ne datent pas d’aujourd’hui, depuis 2001, diverses associations luttent pour que ce phénomène soit éradiqué, mais en vain. “Entre 2012 et 2014, environ 4000 enfants victimes de traite et d’exploitation dans le secteur du cacao ivoirien ont été arrachés à leurs bourreaux”, ce qui est peu, compte tenu du nombre d’enfants travaillant dans ces plantations. À en croire les chiffres avancés par France Info, ils seraient entre “300.000 et un million” dans ce cas.

Comment en sommes-nous arrivés là?

Dans les années 80, les filières cacaotières en Afrique, se privatisent. Fin des années 90, c’est au tour des institutions de régulation de l’Etat, de quitter le navire. Livrées à elles-mêmes, les entreprises locales ouvrent leurs portes aux multinationales, les conséquences de cet acte furent désastreuses. Empreints à un marché instable, des producteurs au bord de la faillite ne pouvant honorer les salaires de leurs employés, ni même payer la scolarité de leurs enfants, se tournent vers une main-d’oeuvre bon marché. Ce sont donc les enfants, qui seront chargés de travailler sans relâche, pour satisfaire la demande incessante des pays occidentaux.

Les pays les plus touchés par cette problématique sont la Côte d’Ivoire, puis le Ghana. Loin d’être confrontés à une situation “commune”, où des mineurs sont contraints de travailler pour aider leurs parents; Il s’agit ici, d’un réel trafic humain. Selon France Info : “On voit tous les jours des enfants partir de la gare routière […] Les trafiquants transportent entre deux et quinze enfants par voyage […] Là-bas, ils disposent d’un lieu où les enfants sont retenus avant d’être vendus aux fermiers”. C’est donc, une solide organisation mafieuse qui s’est développée, tout autour de cette activité juteuse, laissant peu de répit à ses victimes. Achetés pour une somme modique, ces rejetons âgés de 12 à 14 ans, sont réduits en esclavage. En plus, d’un travail de forçât, ils sont maltraités comme en témoigne une victime tirée des griffes de son bourreau : “Si on est lent, si on refuse de travailler, on est battu”.

Un chocolat au goût amer !

Cette récolte de matières premières fait tâche dans le monde du chocolat. Toujours en 2001, les principaux exportateurs de cacao, ont signé sous la pression des médias, le protocole d’Harkin-Engel, qui vise à mettre un terme à la traite, et au travail forcé des enfants dans les plantations. Plus de 10 ans après, les changements restent timides voire inexistants. C’est pourquoi, en 2015 une plainte a été déposée, auprès d’un cabinet spécialisé pour le droit des consommateurs en Californie (Etats-Unis). Les plaignants accusent les géants industriels, tels que Nestlé, Mars ou Hershey’s, de faire preuve de laxisme face aux atrocités subies par ces victimes de la mondialisation. Il va sans dire, que la pétition de SumOfUs, vient aujourd’hui, remettre au-devant de la scène une problématique non résolue. Et, c’est au tour de la firme Ferrero d’être épinglée. À en croire la pétition qui circule, l’entreprise connaîtrait des conditions de distributions analogues à ses concurrents, mais ne ferait rien pour y remédier. Avec pas moins de 87 987 signatures récoltées, il semblerait que l’action soit massivement suivie.

Face à ce crime, nous ne pouvons rester indifférents! Car, outre le fait de bafouer les droits inaliénables d’un être humain, il est également ceux d’un être en devenir que l’on dénigre. En effet, il semblerait que ces pays aient oublié que cet esclavage “chocolaté” va à l’encontre de la Convention internationale des droits de l’enfant, signés par 195 pays, dont l’Afrique, le 20 novembre 1989. Dans cette convention, y sont inscrits les quatre droits fondamentaux de l’enfant : 1/ La non-discrimination; 2/L’intérêt supérieur de l’enfant; 3/Le droit de vivre, survivre, se développer; 4/ Le respect des opinions de l’enfant.

“[…] Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là” [Marc 12 v.31]

Nul doute que cette affaire ait été portée aux oreilles des autorités, qui semblent malheureusement inactives pour y apporter une solution. Mais à tous ces enfants, à qui nous portons notre soutien, le Christ réconforte en disant : “venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos” [Matthieu 11 v.28]
Devant le silence des gouvernements, le sort de ces victimes se doit d’être en conséquence un sujet d’intercession pour l’Eglise qui peut leur annoncer cette bonne nouvelle : “Heureux les affligés, car ils seront consolés!”[Matthieu 5 v.4].

La Rédaction

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