Grève des travailleurs sans papiers : première victoire d’un combat collectif

Le 17 octobre dernier, à quelques pas du Stade de France, des centaines de travailleurs sans papiers ont enclenché une grève dans la trentaine d’entreprises qui les emploie à Paris et Saint-Denis, afin de dénoncer leur « surexploitation » et réclamer leur régularisation. Ils sont près de 700 personnes majoritairement originaires d’Afrique, travaillant dans le bâtiment, la logistique, le nettoyage ou encore la distribution, comme intérimaires pour des sous-traitants pour le compte de plusieurs grandes enseignes comme Chronopost, Veolia, Suez, GLS, DPD, FedEx, Carrefour, Sépur, Franprix ainsi que Onet et bien d’autres. La majorité d’entre eux sont d’ailleurs employés sur les chantiers des jeux Olympiques 2024 et du Grand Paris.

Accompagnés par des militants syndicaux, leur banderole CGT indiquait « pas de papiers, pas de JO ». Tous ensemble dans une action coordonnée, ils ont exprimé leur détermination sans faille d’occuper les locaux de leurs employeurs jusqu’à leur régularisation. Tout en dénonçant des conditions de travail « dégradées » et de multiples discriminations, ils ont affirmé qu’« On veut faire bouger les choses ».
Dans un pays où l’on prône la liberté et l’égalité, il y a tout de même des centaines de milliers d’étrangers exploités dans l’ombre pour l’avancement du pays, qui ne sont pas régularisés, ni valorisés, mais qui subissent au contraire toute sorte de discrimination, racisme et rejet. La CGT a indiqué qu’ils seraient entre 7000 et 10 000 travailleurs à être régularisés chaque année, un nombre bien trop faible.

Comme pour beaucoup, « ces travailleurs doivent pouvoir jouir des droits pour lesquels ils cotisent et payent des impôts ». La circulaire Valls, établie par l’ancien Premier Ministre Manuel Valls donne à l’étranger le droit à la régularisation, dès lors qu’il justifie 3 années de présence en France avec bulletins de paie à l’appuie et la présentation d’un formulaire officiel d’embauche. Malgré son bien fondé, ce texte ne serait appliqué qu’au gré et à l’appréciation de chaque préfet, déplore Jean-Albert Guidou, responsable CGT. Et pourtant rien qu’en Ile-de-France, les travailleurs étrangers représentent entre 40 et 62 % des salariés dans les secteurs de l'aide à domicile, du BTP, de l'hôtellerie-restauration, du nettoyage, de la sécurité et de l’agro-alimentaire.

Mais la grève de tous ces travailleurs a tout de même fini par payer. Une victoire emblématique. Car cette mobilisation collective a déclenché une action quasi immédiate de presque tous les employeurs qui ont remis aux travailleurs des formulaires Cerfa dûment remplis, leur permettant d’engager leurs procédures de régularisation auprès des préfectures. Ce sont « des accords actant la régularisation de tous les salariés des sous-traitants travaillant ou ayant travaillé ces derniers mois sur les sociétés concernées ».
« Sur les dix dernières années, on n’avait jamais connu un mouvement d’une telle ampleur qui touche l’ensemble de la région parisienne », se réjouit Gérard Ré, membre de la CGT. « Depuis maintenant quinze ans, ce travail est connu et reconnu. Le patronat sait bien que la CGT a la capacité de faire aboutir les dossiers de reconnaissance des droits des travailleurs sans papiers, qu’il ne sert à rien de traîner. Parce que, in fine, les employeurs n’ont pas d’autre choix que de négocier. », poursuit-il.

Pour vaincre, les travailleurs ont tout misé sur l’entraide, l’unité, la confiance collective. « Nous avons eu des résultats positifs. Mais nous sommes toujours là pour que tout le monde soit régularisé. Nous ne pouvons pas gagner cette grève en étant individualistes. Car, même pour ceux qui ont leur Cerfa, la procédure est encore longue », a déclaré Boubacar, un travailleur intérimaire.
Pour des analystes, la réaction immédiate des employeurs serait très certainement due à l’approche des Jeux Olympiques, car plusieurs chantiers sont en cours et la main-d’oeuvre immigrée est plus que nécessaire. Ironique lorsque Gérard Darmanin veut faire adopter sa loi sur l’immigration visant à se débarrasser stratégiquement de cette main-d’oeuvre si chère à l’économie du pays.

Nelson Mandela disait que priver les gens de leurs droits fondamentaux revient à contester leur humanité même. Ni plus ni moins que du mépris. Et la Parole de Dieu, aussi, nous appelle à considérer l’étranger. Prenons Lévitique 19 v.33 : « Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l'opprimerez point. Vous traiterez l'étranger en séjour parmi vous comme un indigène du milieu de vous; vous l'aimerez comme vous-mêmes… ».
Traiter son prochain avec amour nous attire la faveur de Dieu, car un peuple sans amour est voué à la perdition. Rappelons-nous que « Si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? » [1 Jean 4 v.20] C’est pourquoi, porteuse de ce message, l’Eglise du Christ devrait s’impliquer davantage et se battre pour le droit et l’accueil des étrangers, qui est une essence même de l’amour du Christ.

La Rédaction

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