Entretien Pasteur Tino Swana : “ Les artistes ne meurent jamais, leurs œuvres perdurent ”

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Un récit relaté par Yannick NILA & Rany KUTENDA

Au cours de la semaine écoulée, nous vous avons partagé les différents sentiments des artistes, suite à la disparation de notre regrettée chantre Marie Misamu. L’on retient, sa carrière talentueuse, son cœur bienveillant et son amour pour chacun. Tous, qui d’ailleurs, s’accordent à dire que Marie Misamu est et restera une véritable icône de la musique chrétienne congolaise.
Aujourd’hui, nous clôturons alors cette série d’entretiens en hommage à l’artiste, par les quelques mots du pasteur Tino Swana, également chantre à ses heures, qui en toute simplicité et franchise s’exprime sur cette nouvelle.

AP : Bonsoir Pasteur Tino, comment allez-vous ?

Pasteur Tino : Bonsoir, Je vais bien par la grâce de Dieu.

AP : Pour quelle raison vous êtes-vous déplacé ici ce soir ?

Pasteur Tino : Oui ! J'ai tenu à répondre présent en ce lieu, c'est un lieu de culte mais, qui, pour la circonstance est devenu une maison de deuil. Moi, qui, jadis dans le monde, fréquentais tout le temps les musiciens, cette nouvelle m’affecte, ainsi qu’au plus haut point l’Église corps du Christ et pour info, je suis moi-même chantre également.
Donc, en dépit que je ne sois pas en très grande forme, j'ai tenu vraiment à assister à ce moment de recueillement car nous, les chrétiens, nous ne pouvons pleurer que dans la prédication, dans le chant et dans les louanges. C'est vrai que la sœur a vécu parmi nous, elle a été une grande bénédiction pour l’Église, le corps du Christ mais il a plu à Dieu de la rappeler à lui, nous ne pouvons que nous plier à cette sentence.

AP : La connaissiez-vous personnellement ?

Bon moi j’ai quitté le pays en 2000, mais vers les années 97, je fréquentais régulièrement le frère Debaba. A cette époque, lui et la sœur Marie priaient dans une même église à Bandal, chez le pasteur Ngoyi. Lorsque son album, en collaboration avec le frère Debaba, est sorti, elle a émergé. Je n’étais plus au pays mais je suivais tout de même ses prestations, de loin. Et c’est une sœur qui m’a beaucoup marqué par son courage. J’ai même su qu’elle était aussi modéliste, coiffeuse, actrice au cinéma et au théâtre. Mais le plus important, elle demeurait servante de Dieu, en dépit de tout ce que le commun des mortels peut dire.

Et en tant que Pasteur, que retenez-vous aujourd’hui au sujet de la sœur Marie ?

La sœur Marie a laissé une œuvre, comme on dit « les artistes ne meurent jamais » et cette œuvre va se perpétuer. Je note aussi que par rapport à ses prestations scéniques, elle passait aussi un message. C'est une sœur qui s'habillait décemment, on a pu comprendre que certaines sœurs qui ne voyaient rien que l’accoutrement de Marie, la prenaient pour modèle. Voilà !

Amen ! Elle a été un modèle pour l’église. Et pour le monde ?

Bien sûr ! Parce que c'est quelqu'un qui était ouvert, elle côtoyait tout le monde. Parce que les gens oublient que tous autant que nous sommes aujourd’hui, nous avons été quelque part des candidats à la mort. Mais la parole de Dieu est venue, Jésus n'est pas venu pour les saints, Jésus est venu pour les brebis égarées d'Israël. La preuve en est qu’aujourd'hui, on a des hommes de Dieu qui prêchent la parole de Dieu avec force. Pour commencer je citerai d'abord mon frère, le regretté Debaba, il a été une star de l'autre côté. Si je prends Carlito par exemple, qui aurait cru que Carlito serait un grand homme de Dieu ? Tout ce monde-là, Dieu nous appelle tel que nous sommes, et la grâce de Dieu est là pour tout le monde.
Alors qui sait si Marie, lorsqu’elle restait avec les stars de l’autre côté, ne parlait pas de Jésus ? Et le regret que j'ai, c'est un message que je voulais aussi faire passer, est qu’il y a des gens aujourd'hui, avec le deuil, avec la disparition de notre sœur, qui font preuve d’une très grande hypocrisie. Il y a des gens, qui, à peine la calculaient, mais aujourd'hui font les saints, lui lancent des éloges. S’il faut reconnaître le mérite de quelqu'un, sa valeur, il faut le faire pendant que la personne est encore vivante. Mais d’un autre côté je vois aussi que c'est une disparition qui suscite autant de polémiques. On voit des gens se disant ministres de Dieu, qui passent et prennent la caméra pour raconter du grand n'importe quoi.
Le message de Dieu ne peut pas venir pour blesser les gens, et maintenant les gens sont entrain de réagir par rapport à certaines déclarations qu'ils voient. Les gens disent tout le temps que l'âme repose en paix mais l'âme qui doit reposer en paix est celle qui pendant son vivant, pendant que la grâce de Dieu était là, s'est mise en paix avec son Dieu. Hébreux 9, un verset qui dit qu’il nous est donné de ne mourir qu'une seul fois et après quoi, vient le jugement. Donc en dépit de tout ce que nous pouvons voir, le plus important est que tous nous passerons, nous ne sommes pas immortels, il faut que nous préparions notre éternité pendant ce temps où nous dormons, nous nous réveillons, parce que dormir et se réveiller n'est pas une habitude, c'est une grâce de la part du Seigneur.

Alors, quelle image et quel message retenez-vous de la sœur Marie MISAMU ?

Bon l'image, je n’ai pas beaucoup de ses chansons, mais tout ce que je peux retenir c'est que je voyais que dans la plupart de ses chants elle se lamentait un peu trop. Comme quelqu'un qui avait vécu dans un milieu qui l'acceptait à peine. Je suivais le témoignage d'un frère, un chantre aussi qui a connu une ascension pour avoir fait un featuring avec Marie MISAMU, il s'agit de mon bien aimé Mike KALAMBAY, et je pense que pour avoir été très proche avec la sœur, partageant une communion dans le travail, est entre autres, le mieux placé pour partager le ressenti de Marie Misamu, vis-à-vis de la société. Mais tout ce que je sais, c'est que c'était une artiste qui chantait merveilleusement bien, elle chantait juste, c'était une grande chorégraphe. Le dernier album que j'ai suivi, c'est « La Résurrection », dans ma voiture jusqu'à aujourd'hui, c’est l'album que j’écoute souvent, et plus particulièrement la chanson qu’elle a sortie avec le frère Debaba, une chanson qui me touche encore au plus haut point.

Merci beaucoup Pasteur.

Merci à vous bien-aimés, pour cette opportunité que vous m’accordez.

La Rédaction

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