Entretien Mardochée Kayembe Aujourd’hui, chrétiens comme non chrétiens pleurent l’Artiste Marie Misamu

8th-post-featured

Un récit relaté par Yannick NILA & Rany KUTENDA

Vous l’auriez compris, c’est un grand nombre d’artistes chrétiens, majoritairement congolais, qui se sont réunis samedi dernier à l’église MMERAC pour un hommage poignant à notre sœur Marie Misamu. Proche de l’artiste, le frère Mardochée Kayembe, n’a pu manquer l’occasion d’exprimer quelques mots devant nos micros. Et pour le chantre, Marie Misamu a dignement apporté sa pierre à l’édifice de l’Evangile. Pour la Parole de Dieu, elle s’est rendue parmi les non-croyants, et qu’on se le dise, a accompli sa mission avec bonté et sans hypocrisie.

AP : Bonsoir frère Mardochée, Comment allez-vous ?

Mardochée Kayembe : Ca va merci !

AP : Frère Mardochée, en quel honneur êtes-vous tous réunis ce soir ?

Mardochée Kayembe : On s’est réuni aujourd’hui pour rendre hommage à notre sœur Marie Misamu. Il s’agit de notre deuil à nous, les artistes musiciens.

AP : La connaissiez-vous personnellement ?

Mardochée Kayembe : Je la connais ! Nous n’avons pas eu l’occasion de faire des concerts ensemble. Je reviens de Kinshasa depuis une semaine. Le dernier concert que le Pasteur Moise Mbiye avait organisé pour son anniversaire, j’y étais invité ainsi que la sœur Marie. Nous nous sommes croisés, nous avons parlé. C’est la dernière fois que je l’ai vu.

AP : Qui a eu l’initiative aujourd’hui d’organiser cet événement à l’église MMERAC ?

Mardochée Kayembe : Cette initiative vient de nous, les artistes musiciens de Paris. Nous nous réunissons lorsque nous perdons un artiste. C’est le frère Thomas LOKOFE, qui est le représentant des artistes musiciens chrétiens de Paris. Nous avons demandé à notre pasteur Yowani TAMFUMU, de nous prêter la salle pour que nous puissions nous réunir quand nous aurions besoin, disons jusqu’à l’enterrement de la sœur Marie. Nous comptons également organiser un concert en hommage à notre sœur, son producteur Magloire, est ici, en France, et recherche une salle, éventuellement le Zénith, pour que nous puissions ce samedi 30 janvier faire un grand concert pour notre sœur. L’objectif est de le faire ce samedi, sachant que son enterrement est prévu pour le 28 janvier.

8th-post-featured

Le comédien siatula

AP : Aujourd’hui, pouvez-vous nous partager votre ressenti suite à cette nouvelle ?

Mardochée Kayembe: Vous savez, moi, en tant que chrétien, je ne pleure pas, j’ai la joie parce que la Bible nous dit que celui qui meurt en Christ a une vie qui suit après cette vie. En tant que famille, nous avons perdu une grande sœur et pour d’autres une petite sœur, ce qui nous chagrine, mais je sais qu’elle est morte en Christ. Au jour d’aujourd’hui c’est là notre but, que nous puissions mourir en Christ; mourir en Christ permet la résurrection, la résurrection n’existe pas sans la mort; nous voyons que même Lazare a été ressuscité après une première mort, pour accepter Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur, et mourir ensuite. Si Dieu avait choisi de ressusciter Lazare c’est peut-être parce qu’il avait compris que c’était son ami mais est-ce que Lazare en lui avait vraiment accepté Christ comme Seigneur et Sauveur !?
Ce sont deux choses différentes, nous ne savons pas pourquoi le Christ a ressuscité Lazare. Tout cela pour dire que si Dieu permet de partir c’est parce qu’il a vu que la sœur Marie était prête, peut-être que dans les prochains jours il serait arrivé quelque chose qui l’aurait déstabilisé ou lui aurait fait perdre sa royauté, je ne sais pas. Mais en tout cas, j’ai la joie de savoir que notre sœur Marie était en retraite avant de mourir, elle est morte en Christ. Je sais qu’elle a la vie éternelle, là où elle est. Tout ce que nous faisons là, c’est dans la joie, pour accompagner la famille. Nous, sa famille en Christ, nous savons qu’après cette vie, il y a une nouvelle vie, la vie éternelle.

AP : Pouvez-vous nous en dire un peu plus au sujet du concert que vous organisez prochainement ?

Mardochée Kayembe : On nous a appelés pour nous confirmer que la levée du corps aura lieu ce jeudi 28, que l’enterrement aura donc lieu vendredi; donc nous ici à Paris nous ferons le concert, ce samedi 30 janvier. Donc dès la semaine prochaine, le producteur doit nous donner plus d’informations au sujet du lieu et autres… Maintenant que nous avons la confirmation et l’accord au niveau du pays, nous pouvons mieux nous organiser ici. Ce qui nous permet, de pouvoir communiquer l’information, avoir le temps de mobiliser les églises, parce qu’il n’y a pas que les congolais qui connaissaient la sœur Marie Misamu, c’est une Africaine, beaucoup de nationalités la connaissent ce qui fait qu’on a besoin de pouvoir bien communiquer l’information de ce concert à venir, de bien faire la promotion pour la semaine qui reste pour que tout le monde participe à cet hommage.

AP : Personnellement, que pensiez-vous de l’artiste Marie Misamu, de son vivant ?

Mardochée Kayembe : Vous savez; de son vivant, elle n’était pas quelqu’un d’hypocrite. Vous savez, parfois quand on est chrétien, on croit être meilleur que les autres, que nous sommes plus saints que les autres; la sœur Marie côtoyait tous les musiciens, dont les « mondains » comme on dit, elle les côtoyait, chantait avec eux, elle mettait sa pierre à l’édifice, laissait son empreinte là où elle passait, elle a chanté avec de nombreux musiciens congolais de chez nous.
Les chrétiens qui sont plus saints que les autres disaient qu’elle était une païenne etc… Mais retenons quand même qu’il s’agit de la seule musicienne chrétienne que les musiciens païens pleurent beaucoup aujourd’hui; elle côtoyait toutes ces personnes, avec sa bonté, ces personnes se posaient des questions, de savoir pourquoi tous ces musiciens chrétiens les rejettent alors qu’elle, elle était souvent avec eux. Une fois, un ami lui a demandé, et elle a répondu « tu sais que si c’était pour nous Dieu ne serait pas venu, il n’est pas venu pour moi qui l’ai déjà accepté, non il est venu pour ces gens-là, qui sont rejetés ». Elle a fait un travail qui me pousse à la réflexion, au jour d’aujourd’hui je me dis qu’il faut aussi, que je commence à les côtoyer, parce qu’en fuyant ces personnes comment accepteront-ils notre Dieu?! Comment connaîtront-ils l’importance de notre Dieu ?!
L’apôtre Paul a dit : « je me suis fait ‘comme’ », mais il ne l’était pas! Il a dit « comme », si nous sommes là, à juger les gens, ils ne nous accepteront pas, mais si nous faisons « comme » avec ce que nous avons en nous, en parlant, ils verront une différence dans notre langage qui les intriguera. Mais si nous sommes là, à vouloir montrer que nous sommes plus saints que les autres, ils ne viendront pas, c’est comme si nous les rejetions, alors que Christ est venu pour eux. Sœur Marie a fait un grand boulot, que nous pour beaucoup n’avons pas fait, nous pensons que si l’on nous voit avec un païen nous serons jugés, que notre témoignage changera, alors qu’elle, malgré ce que les gens disaient elle restait avec eux, elle marchait avec eux, faisait des concerts avec eux et aujourd’hui nous constatons que ces personnes justement pleurent plus que les chrétiens. Aujourd’hui, ça m’a révolté, réveillé, à me dire que non, je ne peux continuer comme ça, je veux que mon prochain album soit pour les païens; parce que les chrétiens n’ont pas besoin de mes chansons, ils ont déjà Christ comme Seigneur et Sauveur, mais ces personnes qui sont égarées quelque part, même si du lundi au samedi, ils écoutent ce qu’ils veulent écouter mais j’aimerais que le dimanche, ils puissent se dire que c’est le jour du Seigneur, pourquoi ne pas écouter l’album du frère Mardochée par exemple, si cet album les amène quelque part, ils reviendront. Mais si je continue à me dire que mes chants sont pour mes frères et sœurs… ils sont déjà en Christ, qu’est-ce que ça changera pour eux!

AP : Merci beaucoup frère Mardochée !

Mardochée Kayembe : Merci beaucoup de m’avoir écouté. Que le Seigneur vous bénisse !

Vidéo Facebook

Laissez un commentaire